Les Laotiens croient que l’être humain compte 32 organes, chacun ayant un khouane (âme) pour le protéger. Comme certains khouanes peuvent se retrouver à l’extérieur du corps, créant de ce fait un déséquilibre, le but de la cérémonie est de rappeler les khouanes de la personne qui est au cœur de la fête afin qu’elles ne fassent pas défaut. C’est à ce rituel du baci auquel j’ai eu droit le 25 décembre 1973 pendant la guerre d’Indochine, alors que je passais Noël dans un camp de réfugiés khmus dans les montagnes du Laos.

Avant la cérémonie, des femmes du village préparent une pha khouane, une structure décorée d’œillets, qu’elles déposent ensuite au centre de la pièce avant la cérémonie. La personne au cœur de ce rituel s’assoie le plus près possible du pha khouane et fait face à un ancien du village qui préside la cérémonie et fait les incantations d’usage pour rassembler les khouanes.

Une fois que les khouanes (les âmes) ont réintégré le corps, il faut les retenir. Les gens du village présents viennent alors à tour de rôle, comme l’a fait au préalable le maître de cérémonie, attacher aux poignets de la personne au centre de ce rituel des ficelles qui sont autant de porte-bonheur et que l’on doit conserver pendant trois jours avant de les dénouer ou de les arracher (mais sans les couper). Des ficelles pour le jamais oublier l’accueil reçu.

Le baci est toujours un prélude à la fête. Un prétexte pour sortir la jarre de lau loa, communément appelée « bière de riz » et prendre une pause du quotidien. Un prétexte… pour faire la fête.

Gérard Coderre, résident de Saint-Adolphe-d’Howard, a visité plus de 150 pays avec son sac à dos. Passionné de voyages, de traditions et de découvertes, il adore parler de ses aventures. Chaque mois, il partagera des souvenirs avec les lecteurs de L’info.

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